Chapitre 6

Des contrôles sévères

Direction Gothard, juste avant Erstfeld, se trouve le centre de compétence trafic lourd (CCTL) qui est géré par la police cantonale uranaise. Chaque poids lourd doit quitter l’autoroute ici et passer devant les employés du CCTL. Ainsi lorsqu’ils considèrent qu’un véhicule est en mauvais, il est aiguillé pour être examiné sous toutes les coutures. Cependant, les employés sont uniquement autorisés à faire des contrôles par sondage. Conformément aux accords internationaux signés par la Suisse, même si les contrôleuses et contrôleurs du CCTL remarquent que les véhicules d’une certaine entreprise sont souvent mal entretenus, ils ne sont pas autorisés à les contrôler systématiquement.

L’année passée, près de 370 000 camions ont traversé le Gothard, près de 17 000 ont été contrôlés par le CCTL, environ 5900 ont été appréhendés.
Il est possible ici de contrôler les véhicules de manière approfondie et même d’inspecter sous le châssis. Bien des chauffeurs avouent qu’ils évitent si possible le Gothard puisque les contrôles sont si sévères.

Une amende d’ordre punit les petites infractions. Le Ministère public se charge des grandes contraventions et les routiers doivent payer une caution qui peut s’élever jusqu’à 2000 francs.

Le CCTL contrôle également les temps de conduite et de repos. Celui qui ne s’y tient pas est mis à l’amende. Parfois, les chauffeurs doivent dormir un peu sur le parking du centre avant de pouvoir reprendre leur route. Toilettes et douches sont ici gratuites. On peut aussi y passer la nuit si le camion est en ordre.

« Les contrôles sévères sont effectués dans l’intérêt de la sécurité routière et confortent aussi les chauffeurs », constate Stefan Simmen, chef du CCTL.

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Les frais trompeurs

De l’autre côté du Gothard, sur l’aire de ravitaillement San Gottardo Sud. Nous nous entretenons à nouveau avec un chauffeur roumain qui roule pour une entreprise néerlandaise et gagne environ 2000 euros. La firme ne paie les charges sociales que sur la base d’un salaire de 500 euros, le reste étant comptabilisé en charge. Le chef a cependant consenti à ce que son chauffeur paie aussi de sa propre poche afin d’obtenir plus tard une retraite plus élevée. Le routier se réjouit d’avoir fait une si bonne affaire et d’avoir un bon employeur. Il n’a pas conscience que celui-ci en fait le trompe.

Cela en vaut la peine. Jan Bergath dans son étude « Wenn möglich, bitte wenden» a calculé que les entreprises de transport d’Europe de l’Est ou leurs filiales en Europe occidentale qui se soustraient aux charges sociales – auraient un « avantage en termes de coûts d’au moins 24 000 euros » par chauffeur. Du fait qu’aucun salaire n’est versé en général en cas de maladie, cette économie des coûts augmente encore.

Cette tromperie sur les coûts fausse la concurrence. Cependant, tant que le trafic routier de marchandises ne sera pas soumis à des contrôles systématiques et sanctionnés, il restera bien entendu moins cher et empêchera le rail d’être concurrentiel.

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